Thomas Vuillemin
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D'une Légende

Thomas Vuillemin


J’ai croisé sur la route les paysans qui couraient
Poursuivis de tous côtés
Par les soldats d’un seigneur venu de l’étranger
Répandre la mort sur la vallée
Dans la foule une femme vers moi s’était avancée
Et mes yeux se sont brûlés
Sur les boucles rousses de ses cheveux enflammés
Jamais je n’avais imaginé
Ses yeux étaient verts
Sa peau couleur des pierres
Son visage était gravé dans mon âme autant que je vivrais

Je n’ai point de fortune mais je suis riche de cœur
J’ai la vertu d’un chevalier
Fuyons ensemble moi je te protégerai
S’il le faut ma vie je donnerai
Nous chevauchâmes aussi loin que possible des armées
Dans une forêt reculée
Et pour le confort d’une cabane abandonnée
Nous décidâmes de nous arrêter
Et ses beaux yeux verts
Ont oublié la guerre
Nous reverrons la vallée, et ce jour-là je te marierai

Embrasse-moi si tu m’aimes
Et ne t’en vas jamais
Dieu bénit ceux qui s’aiment
Et à jamais je t’aimerai

Un jour dans la forêt sont arrivés les cavaliers
Leur Seigneur m’a parlé
De votre peuple vous êtes le dernier
Les autres nous les avons décimés
Et quelle est cette femme à la chevelure embrasée
Qui se tient dans l’ombre cachée
Son visage est plus doux que toutes les nuits de l’été
Jamais je n’avais imaginé
Ses yeux sont verts
Sa peau couleur des pierres
Son avenir est scellé
Je la veux mienne et je l’emmènerai

Que nenni ma foi tu n’auras point ma bien aimée
De ma vie je la défendrai
Je n’ai point d’allégeance pour un seigneur étranger
D’où tu viens, tu peux t’en retourner
Mon cœur est pur et brave et je vaux cent de tes guerriers
Il faudra venir me l’arracher
D’un geste du bras il ordonna ses cavaliers
Et sur moi tous ils se sont jetés
Je tirai mon épée
Le sang va couler,
Je tuerai pour ma vallée, et pour l’honneur de ma bien-aimée

Embrasse-moi si tu m’aimes
Et ne t’en vas jamais
Dieu bénit ceux qui s’aiment
Et à jamais je t’aimerai

Accablé par le nombre de ces guerriers entraînés
Fermement je bataillai
Et beaucoup ont succombé sous les coups de mon acier
Jamais je n’aurais abandonné
Le Seigneur profita du désordre de la mêlée
lentement s’est rapproché
Il pointa sur moi une lance au fer acéré
Et talonna les flancs de son coursier
La forêt a tremblé
Et la fille a crié
On entendit raisonner ses larmes jusque dans la vallée

Dans mon cœur la lance est venue se loger
A genoux je suis tombé
J’ai lâché mon épée et mes yeux ont pleuré
Celle que je n’ai su protéger

La belle saisit mon arme et défia les cavaliers
J’entendis sa voix s’élever
Le brave qui se meurt était ma raison d’exister
alors je préfère m’en aller

D’un pas lent et tranquille elle vint s’asseoir à mon côté
Posa sur mes lèvres un baiser
Et glissa dans son ventre la lame ensanglantée
Puis sur le sol elle s’est allongée

Ses beaux yeux verts
Ont perdu leur lumière
Dans l’ombre de la foret, en princesse la belle s’en est allée

Je serrais fort sa main
Quand je me suis éteint
Ensemble allons retrouver, nos frères défunts de la vallée

Embrasse-moi si tu m’aimes
Et ne t’en vas jamais
Dieu bénit ceux qui s’aiment
Et à jamais je t’aimerai

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