A minuit c'est le lit qui s'ennuie et gémit Le plancher du grenier répond à l'escalier Et d'écho en écho, la maison toute entière Est parcourue de mots qui envahissent l'air
Les cicatrices rondes des planches du buffet Laissent couler encore un sang d'ambre dorée
Le bois mort bouge encore dans la maison qui dort Le bois mort vit toujours et fait mille discours
La clarière était grande, et la forêt profonde Mais déjà dans la lande, se rapprochait le monde L'homme armé de la hache, l'homme armé de la scie Etait dur à la tâche, mais vulnérable aussi
Plus d'un est mort là-bas de n'avoir pas compris Qu'une forêt qu'on abat se défend, se méfie
Le bois mort bouge encore dans la maison qui dort Le bois mort vit toujours et fait mille discours L'horloge ne sonne plus depuis que l'homme est mort Les heures ne comptent plus pour le bois qui se tord
Les portes ne s'ouvrent plus, les volets sont cloués Mais si tu veux entrer, assied-toi et écoute Ecoute chuchoter le chêne centenaire Qui raconte les feuilles et la vie au grand air
Pendant que lentement retombe la poussière Comme dans un enterrement, les pelletées de terre
Le bois mort bouge encore dans la maison qui dort Le bois mort vit toujours et tiens mille discours Et le supplice immonde des branches du noyer Toujours se commémore, mais comment l'oublier ?