Juste le temps de voir passer Au loin l'espace d'une vie, Notre histoire n'aura duré Que quelques jours, et puis Il a fallu qu'elle reparte Vers l'un des autres bouts du monde, Là-bas, tout en haut de la carte, Où la planète devient ronde.
Nous ne nous verrons plus sur Terre, Et nous allons un jour mourir, Dans vingt, trente ans, la belle affaire, Je ne verrai plus ton sourire.
Elle n'a pas parlé des siens, Qui venaient de très loin, comme elle, Quand il faut tout se dire, ou rien, Les silences ont des ailes, Comme des ailes d'oiseaux blancs Qui volent au dessus des forêts, Pour aller aux sources du vent, Et qui ne reviennent jamais.
Nous ne nous verrons plus sur Terre, Et nous allons bientôt mourir, Dans vingt, trente ans, la belle affaire, Je ne verrai plus ton sourire.
Elle avait peur des chiens, parfois, Des hommes blancs et de leurs villes. Moi, je la prenais dans mes bras, Comme une enfant tranquille. S'en est allée avec ses rêves, Avec un monde dans ses yeux, Dont je n'ai pas touché la grève, Nous aurions pu devenir vieux, mais...
Nous ne nous verrons plus sur Terre, Et nous allons bientôt mourir, Dans vingt, trente ans, la belle affaire, Je ne verrai plus ton sourire.