Ils ont longtemps marché Ils viennent de ces chemins Où les hommes et les femmes N'ont jamais eu qu'un coin du feu Pour y chanter la peine l'amour et le travail
Ils sont des gens du bord de l'eau et de la terre
Là-bas Chez eux où la parole commence par le chant Là-bas où le vent de l'histoire des autres A souvent déchiré la paix sur leurs rivages Leur laissant au cœur de vieux chagrins
Ne fermez pas la porte
Ils viennent d'une mémoire Qui n'est pas racontée sur les bancs des écoles De ces mémoires Que seules les pierres racontent encore
Ce qu'ils ont au coeur est sur leur visage
Les mots qu'ils disent sont des mots simples Qui parlent de vie de dignité Quand d'autres pourraient croire Que chez eux tout est perdu Quand d'autres pourraient croire Que tout s'est arrêté dans les veines de leur avenir
Un jour On leur a dit que leur langue n'en était pas une Que leur terre était pauvre Ils y ont consenti Ils n'y ont jamais cru
Ne fermez pas la porte
Dans les mains Comme un geste d'amour du côté humble de la vie
Ils portent un bouquet de leur terre Pour dire tous les arbres Toutes les forêts Tous les amours de chez eux Dans les mains ils ont aussi une lumière
Comme celle qui brille dans leur maison Là où ils vivent Au pied d'une montagne fleurie Ornée de couronnes de pierres Petites murailles empreintes des pas De leurs premiers jardiniers
Là où ils vivent Au coeur de ces petits villages de pierre grise Leurs châteaux Qui portent des noms comme des poèmes È quandu u primu ragiu si pesa nantu à u Monte Cintu L'Alcudina o U San Petrone Quand le jour se lève à Calasima Leurs rêves à eux parlent de reconnaissance De fraternité D'humanité
Quand ils quittent ces châteaux-là Plus ils s'en éloignent Plus leurs coeurs y font retour Mais ce qui les lie ì leur terre Ne les oppose pas à tout ce qui les lie aux hommes À tous les hommes À tous les peuples
Ils ne sont pas que différents Mais tellement semblables Humains Faibles et forts à la fois
Ne fermez pas la porte
Parfois il fait nuit sur leur chemin Leur veilleuse tremble Il leur arrive de tomber Et quand chez eux un homme tombe Quand une âme se perd Quand un cœur s'égare D'autres lui donnent la main Le ciel reste muet On dit que les portes se ferment
Chez eux Quand les hommes se taisent C'est qu'ils n'ont pas de mots pour le dire C'est qu'ils ont beaucoup à dire Une blessure Une envie de guérir Les mots qui ne leur viennent pas danser sur les lèvres S'en vont hurler au fond de l'âme Chez eux Quand les hommes se taisent Ce n'est pas pour piétiner la justice C'est pour lui laisser sa place
Le silence c'est leur révolte Le silence C'est leur non violence à eux Leur cri Leur frontière Leur retrait avec l'injustice
Le mot amour Ils ne le disent qu'avec précaution Mais il est partout dans l'air
Il est des mots dont ils pensent Que moins on les prononce Plus ils se font entendre
Ce soir Autour du chant qui réchauffe la rencontre de soi La rencontre de l'autre
Ils cherchent un feu de joie La fin d'une peine Ils cherchent ensemble Le mot Le regard Le geste Qui pourrait faire frémir la montagne
Comme une réponse à tout ce qui trahit Comme une réponse à tout ce qui oublie .....
Compositor: Jean Francois Bernardini ECAD: Obra #17370666