Par les champs inondéstu viendras me chercheret nous irons glisser, légersde saule en saule aux cheveux mouillés, mouillés.Le fond de ton bateauque tu pousses sur l'eau ,couche l'herbe polie qui plie,couleur de ma mélancolie.Les grenouilles par millesur le miroir fragilefont un bruit légerdans leurs vives plongéeset sous notre sillagerêvent les pâturages.Le chemin s'est noyédans un monde mouillé.A tant te regarderpar les champs inondés,je vois se dédoubler, trembler,l'ombre de toi que je vais rêver, rêver.Echouons le bateau,nous marcherons dans l'eau,les pieds dans la fraîcheur.J'ai peur de trop laisser battre mon cœur.Un pli horizontaldéchire le cristal,et sous le bruissementdes peupliers d'argent,j'ai le cœur qui vacille.Des gouttelettes brillentle long des avirons.Rentrons vite, rentrons!Sur les champs engourdisse faufile la nuit.Vois, le ciel s'alanguit, bleuit,le jour chavire, mon rêve aussi, aussi.A quoi bon s'attardersur les champs inondés?Nous laissons nos pensées embruméesjusqu'à demain vagabonderpar les champs inondés {2x}.